vendredi 30 septembre 2016

Un nouveau rythme

Cette année, nous nous levons plus tôt. Clémence commence les cours à 7h55 trois jours par semaine alors que l'année dernière, elle commençait à 8h25 seulement. En début de semaine, petit répit, elle commence à 8h55.
Nous devons donc nous lever suffisamment tôt pour prendre tous ensemble le petit déjeuner avant qu'elle parte, à 7h35 ou 8h35. Et comme je n'ai pas besoin de l'accompagner cette année, nous avons finalement, Pauline et moi, plus de temps le matin.
Bizarrement, nous ne nous levons pas beaucoup plus tôt (mais nous sommes mieux organisées!) et ce nouvel horaire n'entraîne pas de fatigue par rapport à celui de l'année dernière.

Et que faisons-nous du temps gagné? Eh bien, nous sortons marcher!
Chaque matin ou presque nous nous offrons entre 20 et 50 mn de marche dans les rues de Lyon, souvent le long du Rhône ou de la Saône, puisque nous avons la chance d'habiter la Presqu'île.

Cela fait longtemps que j'avais envie de cela. Je rêvais même de pouvoir le proposer à l'école.
L'une de mes amies m'avait raconté qu'à l'école Montessori de Pringy, les enfants qui le souhaitent peuvent rejoindre des éducateurs à une trentaine de minutes de marche de l'école, chaque matin et commencer leur journée par une marche dans la nature, quel que soit le temps. Cette amie pratiquait elle-même ce temps de marche avec ses enfants en IEF avant de démarrer le travail. Elle me disait combien cela apaise et apporte de l'énergie à la fois.

Il est vrai que la marche est excellente, non seulement pour le corps, mais aussi pour l'esprit. Elle a des vertus proches de la méditation.
L'an dernier, quand nous étions en Maine et Loire, nous sommes parfois sorties nous balader le matin, plus souvent en début d'après-midi. Bizarrement, alors que nous pouvions très vite nous retrouver en pleine nature, nous en avons assez peu profité. Mais il est vrai que je devais véhiculer Clémence qui commençait parfois très tard, et, une fois rentrée, je voyais l'heure déjà avancée et j'avais la sensation que si nous sortions, nous aurions trop peu de temps pour le travail.


Cette année, notre environnement est incontestablement hyper urbain. Ce n'est pas le contact de pleine nature dont j'aurais rêvé, mais il faut faire avec. Et finalement, notre ballade quotidienne nous permet de nous rendre compte combien la nature s'invite au cœur de nos villes, sans doute plus depuis ces dernières années où l'homme ne cherche plus à éradiquer la moindre tentative de la nature de reprendre ses droits.

Ainsi, début septembre, nous pouvions observer quantité d'abeilles sauvages qui colonisent notre quartier (et viennent butiner les chouquettes aux étals des pâtissiers!), ça et là, les arbres et leur feuillage attirent notre attention, les oiseaux des villes...

Ces derniers temps, nous avons un faible pour la Saône, moins large que le Rhône, plus lente et dont les quais sont plus bordés de verdure près de chez nous.
Un matin, en descendant sur le quai, nous avons vu une magnifique grue cendrée, là, à 10m de nous, sur le bord de l'eau. Nous l'avons observée longuement avant qu'elle prenne majestueusement son envol au ras de l'eau.



Puis, nous approchant de l'eau, nous avons observé un banc de poissons remontant le courant. Puis un solitaire venant brouter une algue sur le bord, juste sous nous yeux...


Le poisson est à droite de l'algue...

D'autres matins, nous avons la chance de voir remonter une péniche. Hier, c'était un énorme porte-container remontant le courant et laissant derrière lui des vagues encore présentes 10 minutes après son passage.



Quand ce n'est pas la nature qui nous interpelle, c'est un élément d'architecture, une inscription sur un bâtiment, une statue, un reflet sur l'eau...

dompteuse de lion/Lyon

Une sympathique œuvre de street-art découverte sur le quai qui nous rappelle notre récent visionnage d'Alice au pays des Merveilles...


Les célèbres reflets des quais de Saône

Bref, même en pleine ville, notre marche quotidienne est toujours source d'émerveillement. Et quand nous rentrons, nous démarrons en douceur le travail par notre lecture mains occupées. Un rythme que nous apprécions.

vendredi 23 septembre 2016

La conjugaison II : introduction et notion de groupes

Dans le blog 3-6 ans, vous avez vu comment nous montrons tôt la notion de verbe et renforçons l'imprégnation linguistique par les petits verbes rouges.
Lorsque l'enfant est devenu un lecteur autonome, qu'il a déjà un peu avancé dans l'étude du nom (le masculin et le féminin, le singulier et le pluriel) et qu'il a acquis au moins la notion de sujet (sous la forme de de question "qui est-ce qui?" au minimum), nous pouvons démarrer l'entrée dans la conjugaison proprement dite.

Pour cela, il faudra d'abord faire prendre conscience de l'extrême polymorphisme du verbe et de la nécessité d'utiliser une forme particulière pour en parler: l'infinitif.

Pour cela, une présentation avec plusieurs enfants sera très intéressante, sinon, l'enfant travaillera un peu plus. Il s'agit de préparer plusieurs phrases dans lesquelles nous utiliserons toujours le même verbe mais avec des sujets très variés et à des temps différents (à noter, il faut rester dans les temps simples, pas de temps composés).
Pour un seul enfant, on fera au moins 3 phrases, comme celles-ci:


Nous demandons à l'enfant d'identifier le mot qui indique ce que l'on fait dans ces phrases: "mange", "mangerons", "mangeait".

mardi 13 septembre 2016

Apprentissage de la conjugaison I : la progression générale

Comme promis lors de mon dernier billet, voici un premier article consacré à l'apprentissage du français en 6-12. Ça faisait très longtemps que je n'avais pas abordé ce sujet sur le blog...
La conjugaison étant un vaste sujet, ce billet se veut une sorte de sommaire de la progression. Je reviendrai détailler les matériels évoqués dans d'autres billets.

En fin de 3-6 ans, lors de la finalisation de l'apprentissage de la lecture, nous avons mis l'enfant en contact avec la conjugaison avec le matériel des verbes rouges.
La finalité de ce matériel est bien d'être une aide à la lecture: lire correctement à les terminaisons verbales est un point important de l'apprentissage de la lecture (et souvent pas correctement maîtrisé au collège quand il a été négligé, les enfants lisant les finales de 3ème personne de pluriel en faisant sonner "an" le -ent...).
En plus de cela, il permet une première imprégnation de la conjugaison en apportant:
- la liste des pronoms personnels dans le bon ordre avec le sens de chacun
- un raccrochage des formes utilisées par l'enfant à la notion de temps verbal
- une première sensibilisation à la notion de terminaison

Pour vous rappeler comment ces points sont mis en place avec ce matériel, vous pouvez consulter le billet qui lui est consacré sur le blog 3-6 ans.

Par la suite, l'objectif est que l'enfant maîtrise la conjugaison. Cela suppose:
- la capacité d'écrire correctement la terminaison qui convient en fonction du sujet
- la capacité de trouver la bonne forme verbale
- la compréhension de la valeur des temps puis des modes à la fois pour comprendre ce que l'on lit et pour choisir correctement sa forme verbale quand on écrit (notamment le fameux choix imparfait/passé simple dans l'écriture du récit au passé, au programme entre le CM et la fin du collège)
- la capacité à identifier le temps et le mode d'un verbe conjugué, notamment pour l'orthographier correctement.

Pour arriver à cette maîtrise, nous devrons passer par plusieurs étapes.

La première constitue une base indispensable sans laquelle il est difficile de progresser.
D'abord, puisque les règles de conjugaison diffèrent d'un groupe à l'autre, il faut que l'enfant commence par savoir identifier le groupe d'un verbe grâce à son infinitif. Une présentation des groupes puis des exercices de tri de verbes sont proposés. La notion de radical du verbe sera abordé à ce moment.

tris de groupes


Parallèlement, on vérifiera que l'enfant maîtrise les notions de présent, passé et futur (notions amenées sensoriellement en 3-6) et peut les reconnaître dans des formes conjuguées. Une présentation et un tri de phrases rempliront cet objectif.



dimanche 11 septembre 2016

1ère semaine d'IEF

Notre première semaine de reprise d'IEF avec Pauline se termine. Un mélange d'habitudes et de nouveautés. Car c'est l'avantage de l'IEF de pouvoir utiliser la méthode et l'organisation de travail qui nous convient le mieux et de l'adapter dès que le besoin s'en fait ressentir.

Cette année, donc, devrait être la dernière année d'IEF pour Pauline. Elle est clairement en demande de côtoyer des enfants dans sa journée et même si nous allons tout faire pour rencontrer du monde sur Lyon, je ne suis pas sûre que cela lui suffise.
De plus elle caresse le rêve d'entrer dans une classe à horaire aménagé de danse (CHAD). Son année d'avance ne rend pas la situation facile, mais nous avons pu parler à la professeur de danse classique du conservatoire qu'elle devrait avoir cette année qui a pris note et va voir comment rendre cela possible.

Pauline s'imagine déjà en danseuse dans le Grand studio de répétition du Ballet de l'Opéra de Lyon, lors des portes ouvertes hier après-midi...

Reste maintenant à rentrer au conservatoire. Pauline a fait sa première année de danse du cursus de conservatoire à Angers et a été admise en 2ème année, mais en changeant de conservatoire, elle reste tout de même soumise au concours d'entrée, en espérant qu'il y aura de la place pour elle. Reste aussi à dégoter le certificat médical, ce qui n'est pas une mince affaire, puisqu'arrivant à Lyon, avec un médecin qui ne nous connaît pas, le petit souffle au cœur entendu pour la 1er fois cette année lui vaut de devoir passer en urgence un bilan cardiaque juste avant son concours. Emotion garantie! Même si nous sommes quasiment sûrs qu'il s'agit d'un souffle bénin, très courant à son âge, prendre un RDV 10 jours avant la date du concours a tenu de l'exploit! Maintenant, on croise les doigts pour que tout s'enchaîne bien!

Ces projets en tête, nous avons discuté avec Pauline pour organiser l'année dans l'objectif d'un passage en 6ème (classique ou CHAD) l'an prochain en douceur, tout en bénéficiant de la liberté et de la richesse que nous apporte le fait d'être en IEF.

Nous gardons donc les matinée pour le français, les maths et l'anglais, l'après-midi pour tout le reste.
Ensemble, nous avons défini les priorités à travailler en français et mathématiques et les modalités.

jeudi 1 septembre 2016

Nouvelle rentrée: des inquiétudes mais des espoirs aussi.

Après de longue semaines passées à désencombrer, ranger, mettre en cartons, déménager, déballer les cartons et ranger encore, me voici enfin la tête hors de l'eau et prête à reprendre la plume de ce blog, mais depuis Lyon, cette fois!

Une nouvelle rentrée nous attend, au bout de ces vacances bien chahutées par notre changement de vie. Pour Clémence, ce sera la 5ème, dans un nouvel établissement (j'ai en tête depuis longtemps déjà de vous faire un petit billet sur son entrée dans l'enseignement classique..) et pour Pauline, encore une année d'IEF avant, sans doute, une entrée en 6ème à la rentrée prochaine.

Cette rentrée, pour nous, parents IEF s'annonce toujours sous la menace d'une liberté restreinte par la loi votée au parlement en juillet. Ce mois de septembre, ce sont les sénateurs qui vont se pencher sur ce texte.
D'ores et déjà, des parents engagées tentent de rencontrer un maximum de sénateurs pour leur expliquer la réalité de l'IEF et la nécessité d'une souplesse dans les contrôles, d'une ouverture d'esprit des inspecteurs. Pour que la liberté d'instruction dans notre pays ne soit pas un vain mot, chacun peut écrire à son sénateur pour l'alerter sur la situation. Le site de l'association Les enfants d'abord propose une lettre claire et bien argumentée que l'on peut reprendre telle quelle.

Mais d'une autre côté, la bonne surprise de cette rentrée, a été d'entendre ce matin sur France Inter Céline Alvarez invitée de la matinale à l'occasion de la sortie de son livre "Les lois naturelles de l'enfant".



Bien sûr, sur un temps aussi court, Céline Alvarez ne pouvait pas tout expliquer, mais le présentateur, visiblement impressionné, lui a laissé le temps de parler et des millions de personnes auront entendu que le système scolaire actuel est inadapté au rythme de l'enfant, qu'il faut faire profondément bouger les manières d'enseigner.
Maria Montessori a initié, il y a plus de 100 ans, une manière de travailler avec les enfants, basée sur sa seule observation scientifique et guidée par la confiance et la bienveillance. Les neurosciences valident actuellement tous ses choix et Céline Alvarez est aujourd'hui une sorte de caisse de résonance entre cette merveilleuse pédagogie "nouvelle" centenaire et la voix des scientifiques comme Stanislas Dehaene.

Le mouvement de révolte sourd contre le carcan de l'éducation nationale s'enfle progressivement. Voici une dizaine d'année que le mouvement à commencer à s'infiltrer, que, clandestinement, des professeurs des écoles tentent d'instiller la pédagogie Montessori au sein de leurs classe.
Il y 5 ans, quand je faisais mes premières conférences sur la pédagogie Montesori, il n'y avait que quelques enseignants dans mon auditoire. Ces dernières années, ils représentaient presque 100%!
Internet et l'expérience de Céline Alvarez leur a permis de se rendre compte qu'ils n'étaient pas seuls, ils ont pu échanger, partager, se soutenir.
Très marginal, ce mouvement de fond encore minoritaire tend à prendre de l'ampleur et c'est tant mieux! Quand j'ai créé l'Ecole Montessori d'Angers, je voulais pouvoir utiliser cette pédagogie telle qu'elle a été prévue, sans contrainte institutionnelle de la part de l'Education Nationale et je ne regrette pas ce choix, même si la loi française fait tout pour rendre la vie des école hors contrat compliquée et que l'argent est un réel problème.

Aujourd'hui, je vois tous ces professeurs des écoles qui veulent faire autrement et se tournent vers la pédagogie Montessori. Certes, il ne leur est souvent pas possible de l'appliquer en totalité, surtout à partir de 6 ans car l'administration ne leur simplifie pas la tâche (programmes, classes d'âges, récréations, normes sécuritaires...) mais je pense qu'il faut soutenir ces collègues et les aider à développer une autre manière d'enseigner.
Développer la connaissance sur le matériel Montessori, oui, mais surtout faire connaître la philosophie. Car c'est elle qui est la clef, plus encore que le matériel, elle qui colle au développement harmonieux de l'enfant, elle qui permet de créer ce terreau fertile, dans lequel l'enfant, graine d'adulte, va développer rameaux et racines de son savoir mais aussi de sa personnalité.

J'ose croire, qu'en cette rentrée 2016, nous sommes aussi à l'aube d'un changement de masse initié par la base (le meilleur des changements). Qu'enfin le mouvement de l'alternative a atteint une masse critique pour être capable de provoquer une bouleversement dans les esprits.
De même qu'il nous faut faire la transition énergétique pour notre propre survie, il nous faut enfin réaliser la transition éducative. Je l'appelle de tous mes vœux depuis fort longtemps (avant même d'avoir quitté l'Education Nationale!) et j'espère plus que jamais pouvoir faire partie de ces passeurs d'expérience pour aider tous les collègues qui sont en recherche, ici, à Lyon, mais aussi dans toute la France grâce au web.

Alors, en ce 1er septembre, je vous souhaite à tous une bonne rentrée, ou non-rentrée pour tous les parents IEF, en espérant que nos inquiétudes pour l'IEF ne seront bientôt qu'un mauvais souvenir et en espérant que les méthodes alternatives, maintenant validées par la science, se répandent de plus en plus!